Selon l’ordonnance du 27 septembre 1748, le corps des galères et les conditions de détention sont réformés. Les galères de Marseille sont transférées à Toulon de 1748 à 1781. Les galériens, pour la plupart, seront employés à terre dans les arsenaux.
En 1748, le premier bagne est ouvert à Toulon.
Plus de 100 000 galériens et bagnards passeront par Toulon. On pouvait y dénombrer plus de 3000 détenus sur une même période, leur nombre ayant même été de 4305 en 1836.
En raison de la surpopulation dans les bagnes, du danger vis-à-vis de la population, et l’apparition de nouvelles machines, Louis Napoléon décida de fermer les bagnes sur le territoire national et de les transférer dans certaines colonies.
Comme il avait été le premier à être ouvert, le bagne de Toulon sera le dernier à fermer en 1873. C’est le vice-Amiral Jauréguiberry, Préfet Maritime, qui annoncera le 23 décembre 1873 le départ des derniers forçats.



   
   

 

 
    Depuis la France entière, ils rejoindront Toulon par convois à pied, et parfois par voie fluviale sur le Rhône, et enchaînés (la chenaïdo en provençal, pour la chaîne avec laquelle ils étaient attachés par le cou), puis dès 1837 par voitures cellulaires, des charrettes composées d’une douzaine de niches dans lesquelles ils demeuraient assis et entravés, que l’on a appelé la chaîne volante.


 


   
 La chaîne (convoi de forçats)  Descente du Rhône

 



 
    Les bagnards furent d’abord logés à bord d’anciens vaisseaux désarmés qui portèrent le nom de bagnes flottants. Ensuite seules les peines de moins de cinq ans dormaient à bord de ces navires. Ils dormaient à même le sol. Mais en raison des travaux forcés, du manque de nourriture et d'hygiène, des maladies et des épidémies, les bagnards avaient une mortalité très élevée. Mais aussi compte tenu de l’augmentation des détenus, il fut alors décidé d’en loger une partie à terre dans des cachots ou des salles dites de force et de créer un hôpital du bagne en 1977.
Les peines de plus de cinq ans dormaient sur un « tollard » qui était un long banc en planches. Ceux qui avaient eu une bonne conduite dormaient dans la salle des éprouvés et avaient droit à un petit matelas d’herbage.
La salle des indociles était destinée aux fortes têtes qui étaient liées à une double chaîne de jour comme de nuit et avaient l’interdiction de travailler pendant trois ans.


 


   
 Bagne flottant  

 



 
    L’hôpital, d’abord installé dans les casemates du rempart sud-est de la darse Vauban, fut transféré en 1797 dans un bâtiment le long du quai ouest de la vieille darse, bâtiment qui comportait une chapelle et les bureaux du service administratif du bagne. Le bâtiment fut construit par les bagnards eux-mêmes selon les plans des architectes Perdiguer et Maucord. A la fin du bagne en 1873, les différents bâtiments furent répartis entres différents services militaires comme le centre d’études de la marine et l’Artillerie de côte. Quasiment détruits en 1943 et 1944 suite aux bombardements, ils furent rasés. Seul subsiste aujourd’hui un morceau de l’ancien rempart que l’on peut observer à l’entrée du carré du port.





   
 Le tollard Derniers vestiges 
 
   

 

 

 
    Dès leur arrivée dans l’arsenal, leurs cheveux étaient coupés de façon asymétrique pour les condamnés à temps et rasés avec des raies pour les condamnés à perpétuité.
Ils étaient habillés d’un pantalon beige-jaune, d’une chemise blanche, d’une casaqune (veste) rouge garance, d’une paire de sabots ou de chaussures à lacets, et coiffés d’un bonnet de couleur verte pour les perpétuités, rouge pour les condamnés à temps, violet pour les meilleurs éléments et brun, pour la casque également, pour les condamnés militaires..
Un anneau de fer était placé à l’une des chevilles. La manille de fixation pesait 1,5 kg, et la chaîne d’une longueur de 1,5 mètres qui était fixée pesait 7,2 kg. Ils étaient attachés par deux au moins pour une durée de quatre ans. Les détenus les plus durs étaient même enchaînés par quatre. Comme punitions supplémentaires il y avait le port d’un boulet au pied et la bastonnade à coups de corde.
Si au bout de quatre années le condamné avait une bonne conduite, alors il était affecté aux travaux dits de « petite fatigue », comme les travaux liés à l’imprimerie, l’écriture, la cuisine, le jardinage.
Les évadés repris encouraient trois années de peine supplémentaire s’ils étaient condamnés à temps et de trois ans de double chaîne pour les condamnés à perpétuité.
 
Sous l’ancien régime (la Restauration) jusqu’en juillet 1830, ils étaient marqués au fer rouge, de la lettre T pour les condamnés à temps et des lettres TP pour les condamnés à perpétuité.


 


   
   

 
 
    Les repas se composaient de pain noir, de légumes secs (soupe de fèves), de biscuits de mer souvent avariés, de peu de viande  et de vin (pour les travailleurs uniquement). Leur ordinaire pouvait améliorer pour certains quand percevaient de l’argent de leur travail ou de la vente des petits objets qu’ils vendaient au bazar du bagne.


   
   

 
 
    Dès leur arrivée au bagne, les détenus étaient affectés aux travaux de « grande fatigue » qui correspondaient à la construction de bâtiments dans l’arsenal et aussi à l’extérieur, au lestage, à l’armement et au désarmement des navires, à l’embarquement et au triage des boulets, au changement des mâtures, au pompage et au curage des bassins, à la mise à l’eau et au halage à terre des vaisseaux.



   
   

 
 
    Dans l’arsenal, ils participaient notamment à la fabrication des cordages dans le bâtiment nommé La Corderie. A l’extérieur, ils participèrent notamment à la construction de l’hôpital de Saint-Mandrier, et de la grande jetée de la rade
Selon leur ancien métier, certains bagnards allaient parfois exercer en ville comme domestiques, aides aux commerçants, voire même comme dentistes.

Au fort Balaguier à La Seyne-sur-Mer, il y a un musée du Bagne.


 
 La Corderie


   
 La corderie  La chapelle des bagnards à Saint-Mandrier
Gravure de bagnard à St-Mandrier Gravure de bagnard à St-Mandrier

  
 
   
La complainte des galériens
 
La chaîne
C’est la grêle
Mais c’est égal
Ça n’fait pas d’mal
 
Nos habits sont écarlates,
Nous portons en lieu d’chapeaux
Des bonnets et point d’cravate
Ça fait bross’ pour les jabots
 
Nous aurions tort de nous plaindre
Nous somm’s des enfants gâtés,
Et c’est crainte de nous perdre
Que l’on nous tient enchaînés.
 
Nous f’rons de belles ouvrages
En paille ainsi qu’en cocos,
Dont nous ferons étalage,
Sans q’nos boutiqu’s pay’ d’impôts,
Ceux qui visitent le bagne
N’s’en vont jamais sans ache’ter ;
Avec ce produit d’laubaine
Nous nous arrosons l’gosier.
 
Quand vient l’heur’ des’bourrer l’ventre,
En vant les haricots !
Ça n’est pas bon, mais ça entre
Tout comm’le meilleur fricot,
Notr’guignon eût été pire,
Si, comm’desjolis cadets,
On nous eût fait raccourcir
A l’abbayed’Mont-à-Regret
   
   
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