Le Groupe des Ecole de mécaniciens de Saint-Mandrier, autrefois appelé "Ecole des mécaniciens et chauffeurs de la Flotte", était implanté dans les bâtiments de l'ancien hôpital de la Marine.
Les plaintes lancinantes des moribonds qui résonnèrent sous les voûtes sécurlaires de ce vénérable édifice ont ouvert la voie au bourdonnement des machines servies par les mécaniciens.
 


 Les origines



    Avant 1670 il n'y avait pas d'hôpital pour le personnel de la Marine...
Henri de Séguiran, conseiller du Roi, Président à la cour des comptes de Provence et Lieutenant des Mers, effectue en 1633, sur l'ordre de Richelieu, un voyage d'inspection sur les côtes de Provence. Il ne mentionne pas le Prieuré de Saint-Mandrier. Pourquoi ? C'est ce que l'histoire ne nous dit pas. Oubli, sousestimation ou alors ignorance ? ...
Le 5 juin 1669, la flotte commandée par le Duc de Beaufort quitte Toulon avec 7000 hommes de troupe. Le but de ce voyage : une expédition vers l'île vénitienne de Candie.
 




 
Une "Carraque", reconnaissable avec ses grands châteaux avant et arrière




     Le 18 juin 1669, Colbert écrit au Duc de Navailles, Commandant en chef le corps expéditionnaire de Candie, pour l'informer de la décision qu'il a prise d'obliger les procureurs du pays à faire bâtir "des huttes et baraques dans la péninsule qui ferme le port de Toulon, afin d'y débarquer commodément les troupes au retour de Candie". En donnant, le même jour, des instructions au Cardinal de Vendôme, Colbert faisait connaître que "l'intention du Roy était d'entourer cette péninsule d'une bonne muraille en sorte que ce lieu pust toujours servir pour toutes les quarantaines des vaisseaux du Roy".  








    Au moyen âge
 
La presqu'île probablement peu occupée, comportait selon d'ancien écrits une tour bâtie par les Phocéens en 566 et de la chapelle Saint-Honorat avec son prieuré, datant de 1020. Puis convertie en chapelle dédiée au martyr Mandrianus. Mandrianus et Flavianus, soldats païens du roi wisigoth Alaric II alors cantonnés à Arles, furent convertis au christianisme par le diacre Cyprien, le futur évêque de Toulon, qui les établit sur l'île aujourd'hui nommée Saint-Mandrier. Il y vécurent en ermites et acquirent une réputation qui leur valut la vénération des indigènes.

Puis, des moines vivant en solitaires se seraient rassemblés régulièrement en ce lieu pur un office religieux célébré en commun. En 1816,  en creusant les premières fondations de l'hôpital maritime, on découvrit quelques tombaux antiques : des sépultures et même des sarcophages.

En 1138, il était déjà fait mention du prieuré Saint-Mandrier, probablement édifié peu après l'an 1000. Cette chapelle était une prébende du chapitre de la cathédrale de Toulon.
 


     
   Deux couvercles de sarcophages, exhumés en 1816 au prieuré de Saint-Mandrier et remisés à l'hôpital Sainte-Anne ont été restitués à la commune d'origine. Aucune inscription n'apparaît cependant sur ces pierres tombales. Bien difficile alors de savoir qui y reposait...

En 1816 exactement. Date à laquelle deux sarcophages du Ve siècle avant J.-C. ont été mis au jour.

Remisés à l'hôpital de Saint-Mandrier, ils ont été transférés à sa fermeture en 1935 à celui de Sainte-Anne à Toulon. Et depuis, ils reposaient dans les réserves de l'établissement toulonnais. À la demande de la municipalité mandréenne, ils ont regagné leur terre d'origine.

Ils feront l'objet d'une mise en valeur dans un lieu que le conseil municipal s'évertuera de trouver.

 




    Le 21 septembre 1669, Colbert écrit à Monsieur d'Infreville, Intendant de la Marine à Toulon, et pour la première fois, apparaissent les noms de "l'hôpital de Saint-Mandrier et du Cap Cépé". C'est donc dans la presqu'île du Cap Cépet que fut installé; en 1669, le premier service sanitaire à terre. Il était situé entre les Sablettes et Sant-Mandrier, en face de la baie de Tamaris, et destiné aux quarantaines des armées navales et des corps expéditionnaires. En cette même année 1669, l'établissement religieux et hospitalier, connu sous le nom de Preuré de Saint-Mandrier, fondé au 11ème siècle par Guillaume III Vomte de Provence, fut également préparé, selon les instructions de Colbert, pour recevoir blessés et malades non contagieux à leur retour de Candie.
L'hôpital maritime (Infirmerie Royale de Saint-Louis) de Saint-Mandrier venait de naître dans la presqu'île du Cap Cépet, dénommée de nos jours presqu'île de Saint-Mandrier. 
 



 
Vue de l'ancien Prieuré



   
L'infirmerie Royale de Saint-Louis

Le prieuré fut alors acheté 4620 F comme "bien national" et annexé à l'hôpital. Les bâtiments de l'Infirmerie Royale ne se composaient que de deux corps de bâtiments sans étage, réunis en angle droit. Ils étaient construits à l'emplacement de la cour d'honneur actuelle et recevaient l'eau par un conduit souterrain venant de la source de la villa Cartier.
 
Il servait, par intermittence, surtout aux équipages des navires en quarantaine et son éloignement de Toulon et des grands foyers de population permettait d'éviter la propagation des épidémies. Le reste du temps, l'Infirmerie servait d'habitation aux chaînes de forçats qui étaient dirgées vers le bagne de Toulon.

En 1707, pendant le siège de Toulon par le Prince Eugène, l'hôpital reçut de nombreux blessés français car la presqu'île ne fut pas occupée par les Anglais grâce aux forts de Cépet qui tinrent en échec l'escadre anglaise.

En 1720 une épidémie de peste sévit qui coûta la vie à 371 malades sur 530.

En 1783, les projets d'agrandissement échouèrent faute d'argent.
 



 



 




     Pendant la révolution l'hôpital servit surtout à l'accueil des blessés après le départ des Anglais et la prise de Toulon par les Armées de Paris.
Mais entre temps, les conditions d'hygiène s'étaient considérablement détériorées.
Fermé en 1805, l'hôpital ne fut rouvert qu'en fonction des besoins; ainsi, en 1817, il reçut des chaînes de forçats atteints du typhus.
Le Prieuré fut rasé en 1818.
La Restauration reconstruisit entièrement l'hôpital (actuels bâtiments A, B, C, et D de Saint-Georges) et fit l'ajout d'une chapelle. Cette dernière, construite par 600 bagnards entre 1825 et 1829, est un très bel exemple de l'art religieux provençal du début du XIXème siècle. Elle est toujours debout.
Ce n'est qu'en 1936 que l'hôpital ferma ses portes, l'hôpital Sainte-Anne de Toulon ayant pris le relais après une campagne d'agrandissement.
 


 
 Signature de forçat  Signature de forçat



   
Construction du nouvel Hôpital
 
Un projet, qui séduisit la Marine par l'économie qu'il promettait, fut présenté par Monsieur Raucourt de Charleville, Ingénieur des travaux hydrauliques, à Monsieur l'Intendant du port de Toulon.
Pour mémoire, à l'arsenal de Toulon en 1813, cet ingénieur souhaite obtenir un matériau léger et susceptible d'être produit en grande quantité par moulage à l'aide d'une machine assez simple et avec 2000 forçats. Ses briques eurent du succès.
Le projet consistait à employer les forçats comme homme à tout faire d'une part, à reconstruire, sur les lieux de l'ancien Prieuré, un bâtiment en forme de U d'autre part.
Dès 1819, la construction des édifices commençait.
Les forçats logés sur place confectionnaient et usinaient les matériaux, (chaux, briques, creuses, moellons, ...).
Pendant ce même temps, la réalisation de la citerne de 50 mètres de long, 4 mètres de large, 5 mètres de haut, fut menée rondement et, dès 1819, on travaillait à la construction de la voûte. Des citerneaux se trouvaient en avant pour le filtrage et la décantation de l'eau.
 


   
   


    En juin 1819 les fondations du bâtiment D actuel étaient commencées et, en octobre de la même année, la citerne et le canal souterrain qui conduisait les eaux de rejet à la mer, achevés. La grande cour était alors presque nivelée.
En janvier 1820, le bâtiment D s'élevait pratiquement jusqu'au 1er étage. A ce moment, une machine permettait de façonner des briques creuses, de 14 cm² de base sur 0,28 mètre de long, spéciales pour la construction des voûtes. Pour éviter l'achat coûteux de planchers en bois, il avait été décidé qu'on voûterait en pierre et brique les quatres étages prévus à l'origine. L'année n'était pas encore achevée que le poids des voûtes écartelait et lézardait les murs. Au cours de l'hiver, un jour de vent d'est pluvieux, les forçats qui travaillaient à l'édifice périrent sous les décombres. L'opinion publique s'en émut. Monsieur Raucourd de Charleville, tombé en disgrâce, dut céder la place à un autre ingénieur, Monsieur Bernard.
Ce dernier eut l'excellente idée d'étayer les murs lézardés par de solides voûtes appuyées sur des piliers massifs. Grâce à lui, nous possédons ces galeries qui font le charme des bâtiments.
Par prudence, on se contenta de deux étages et, au lieu d'un bâtiment unique en forme d'U, on en construisit trois qui furent réunis par des passerelles.
Monsieur Bernard entrepris également la construction de la chapelle Saint-Louis (appelée aussi la chapelle des bagnards puis la chapelle des mécaniciens), des citernes à eaux près des villas sur la colline, du puits sous la chapelle et des deux villas.

La chapelle, construite par 600 bagnards entre 1825 et 1829, selon les plans de l'ingénieur maritime Honoré Bernard (1789-1866), est un très bel exemple de l'art religieux provençal du début du XIXème siècle. Bâtie sur un soubassement de 1,30 m de haut, recouvrant une citerne souterraine destinée autrefois à alimenter l’hôpital en eau potable, elle a un diamètre de 16,50 m. A l’extérieur, sa coupole repose sur un ensemble de 24 colonnes à chapiteaux coniques formant péristyle. La hauteur totale est de 17 m sous voûte.
 



       
   La Chapelle  La Chapelle    
    A l’intérieur, le maître-autel est encadré par deux colonnes à chapiteaux corinthiens. Il est en marbre blanc, très sobre, surmonté d’un grand tableau représentant le baptême de saint Mandrier par saint Cyprien, évêque de Toulon. Au sommet de la coupole, un grand oculus éclaire l’édifice comme dans les temples antiques.

Les bénitiers sont deux gros coquillages ramenés lors d’une expédition maritime dans l’Océan Pacifique et placés de chaque côté de la porte d’entrée nord en 1840.
     
   

La coupole est constituée de caissons à l’antique, décorés de motifs floraux. Malheureusement nombre d’entre eux ont aujourd’hui disparu.

Elle repose sur un tambour ajouré par une série de huit ouvertures en plein cintre avec balustrade et donnant sur une galerie intérieure qui permet de faire le tour complet de la chapelle en surplombant l’ensemble.

   



     Par une lettre signée Brédif adressée à l'inspecteur Général des Travaux Maritimes Sgazin, nous savons que la cloche à plonger, qui a du servir à l'édification de la darse, est prête le 30 janvier 1822.
En 1826 on construisit le bagne à l'emplacement du bâtiment K  actuel, et le 26 mai 1830, une commission, nommée sur ordre du Ministre de la Marine, constate "que les travaux touchent à leur fin (...) et que tout sera complètement terminé en fin d'année 1830".
 



   
L'hôpital de 1830 à 1936
 
Effectivement, en 1830, l'hôpital commença à recevoir les malades de l'expédition d'Alger.
Entre 1830 et 1880, l'hôpital connut une période d'activité intense à la suite des épidémies de typhus de 1830 à 1833, de choléra de 1835 à 1837 puis de nouveau de typhus en 1845.

Entrons par la large porte d'entrée de l'hôpital, placée entre les deux bâtiments près de la darse.
Le pavillon est contient le bureau des gardiens, le pavillon ouest, le corps de garde, le dépôt des effets des malades et le logement de la concierge. La cour d'honneur, la cour nord et l'emplacement des bâtiments A et E actuels sont plantés d'arbres.
A droite et à gauche sont les pavillons latéraux (B et D actuels) de 100 mètres de long sur 16,50 mètres de large. Ils sont distants de 10 mètres du pavillon de l'horloge (Bâtiment C actuel) et communiquent avec lui par des passerelles.
Chaque pavillon B et D peut alors loger 288 malades.
En 1878, l'Amiral de Surville, Préfet Maritime, ordonne, à la demande du médecin chef, de vitrer les galeries.
Le bâtiment de l'horloge, bâti sur un modèle identique aux deux autres, n'est cependant flanqué de galeries que d'un seul côté et ne possède pas de sous-sol. Il mesure 95 mètres de long sur 19 mètres de large.
En 1932, l'hôpital Sainte-Anne, dont l'inauguration remonte au 1er septembre 1810, est agrandi en vue de la suppression de l'hôpital de Saint-Mandrier.
1936 sonne le glas de l'hôpital avec l 'installation, sur les lieux, de l'Ecole des mécaniciens et chauffeurs de la Flotte. 
 



 
 Amiral de Surville Borne
Vue de passelles entre bâtiments Les restes du jardin botanique près du bâtiment des classes de cours



 



 



 
 Entrée de l'Hôpital  Entrée de l'Hôpital
 
 Cour principale  Allée centrale du jardin
 
Cour principale  



   
Le cimetière
 
Entre l'hôpital maritime et la Croix des Signaux, on construisit le cimetière national où furent inhumés les morts de la première guerre mondiale. Le cimetière franco-italien jusqu'en 1958, on pouvait lire les noms des soldats de divers pays : grecs, serbes, russes, bulgares, roumains, indochinois ayant combattu pour défendre la France lors de la guerre de 14-18. En 1958, le ministère des Anciens Combattants prit en charge le cimetière et décida, en accord avec le gouvernement italien, d'y réunir les corps de tous les soldats morts au cours de la dernière guerre, non réclamés par les familles. Ainsi près de 900 corps furent recueillis et déposés dans des caveaux individuels dans une partie du cimetière.

A l'entrée du  cimetière, sur une butte, s'élève une pyramide de 7,25 m de hauteur qui renferme la dépouille mortelle de l'amiral Latouche-Treville considéré comme la terreur des Anglais. Décédé le 17 août 1804, la mort de cet illustre marin fut tenue secrète, afin qu'elle fut ignorée de Nelson, ainsi que son inhumation dans le cimetière de Toulon. Ce n'est que six ans plus tard qu'on édifia à sa mémoire un mausolée en forme de pyramide, à proximité du Sémaphore de la Croix des Signaux. Ce lieu a été choisi parce que ce combattant émérite aurait exprimé le désir d'être inhumé de manière à voir arriver les Anglais des quatre points cardinaux. Le 14 octobre 1902, l'autorité militaire décida le déplacement de ce mausolée pour le placer dans le cimetière militaire de l'hôpital de Saint-Mandrier.

 


 
 
 
 
 

 
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